Cet article s’appuie sur une conversation entre dirigeants organisée le 19 septembre 2019 par La Boetie Partners animée par Estelle SBINNE et Frédéric HAUMONTE.
Exécuter c’est mettre à effet, mener à accomplissement, rendre effective une décision dans le cas qui nous intéresse. Il s’agit bien d’un verbe d’action: pour qu’une décision vive au sein d’une entreprise, il faut l’appliquer, la tester, la mettre en œuvre, bref, agir. Passer de la pensée à l’action.
Quand on présente aux collaborateurs «ce qui a été décidé», ce à quoi ils devront se conformer, les premières réactions sont bien souvent la peur ou la suspicion : «Comment cette décision a-t-elle été prise? Est-ce juste? Bon pour l’entreprise? Pour nous?Pour moi? ». Des questions que se posent de plus en plus de collaborateurs, en particulier ceux en recherche de sens, de plus en plus nombreux au sein des organisations!
Alors comment s’y prendre pour que les collaborateurs se sentent impliqués et suivent ? Une voie est la co-construction : impliquer les collaborateurs en amont de la décision peut aider à sa bonne exécution et assure des décisions durables.Mais ce n’est pas toujours adapté ou possible. Alors comment s’y prendre, dans le cas plus général, lorsqu’on veut exécuter une décision au sein d’une organisation? Une série d’étapes clés et de points d’attention semblent émerger.
1 – Communiquer la décision
Transmettre, partager, exprimer, expliciter, expliquer, annoncer, dire. De façon claire, lisible, compréhensible par tous, à tout âge et tout niveau social. La communication d’une décision permet à chacun d’avoir l’information et cela peut demander une capacité d’adaptation à son interlocuteur, une souplesse linguistique et un effort de traduction qui ne va pas de soi.
2 – Encourager les questions pour comprendre
Une fois l’information donnée, il n’est pas dit qu’elle soit comprise. Lorsqu’on parle de communication, on parle de lien entre deux personnes. Si l’information est donnée sans retour possible ce n’est plus de la communication, c’est uniquement de l’information. Communiquer une décision sous-entend laisser la place pour avoir ou aller chercher un retour sur l’information donnée. Tout simplement parce que la nature humaine a besoin de comprendre pour faire! Recueillir les réactions, répondre aux questions permet à chacun d’assimiler et de comprendre la décision, de passer de «je subis la décision» à «je m’approprie la décision».
3 – Expliciter le plan d’action
Communiquer le plan d’action, éventuellement modifié suite aux questions et réactions, est l’étape qui permet de passer à l’action. C’est le moment d’expliquer ce qui va être mis en place concrètement, c’est à dire en explicitant l’objectif de façon spécifique et mesurable, en prenant garde à ce qu’il soit réaliste et défini dans le temps. En effet, être attentif à combiner l’ambition et le réalisme permet que l’objectif décrit soit un défi qui motivera le plus grand nombre et favorisera l’adhésion sur la durée.
4 – S’adapter aux personnalités
Être attentif aux besoins de chacun est une étape cruciale dans l’exécution d’une décision puisque nous n’avons pas tous besoin des mêmes choses pour avancer. En ennéagramme par exemple, il existe trois types de personnalités: les instinctifs, les émotionnels et les mentaux. Les instinctifs ont une excellente vision d’ensemble, ils ont besoin de se mettre rapidement en mouvement. Les émotionnels s’assurent que tout le monde va bien, ils ont besoin d’être en lien. Les mentaux comprennent les détails, ils ont besoin de sens. Un écart générationnel aussi nécessite une adaptation, les baby boomer ont besoin d’un leader qui dit ce qu’il faut faire, les millenials ont besoin du «Why», d’un leader qui leur explique le sens,le pourquoi de ce qu’il faut faire. Comme l’exprime Antoine de Saint-Exupéry: «Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer». Adapter sa façon de faire en fonction des personnalités prend certainement un peu plus de temps, du moins au début, mais permet ensuite d’avancer plus rapidement et plus efficacement.
6 – Être droit dans ses bottes
Le dernier point de cette check-list concerne le décideur : il doit veiller à être lui-même aligné, bien dans sa peau, «émotionnellement clair». C’est un facteur clé de réussite. Passer du contrôle à la confiance par la sincérité et la transparence peut grandement contribuer à créer les conditions d’une bonne exécution de décision.