Etienne de La Boétie (1530-1563) est un écrivain humaniste, poète et juriste français essentiellement connu pour deux raisons : son amitié légendaire avec Michel de Montaigne (“Parce que c’était lui, parce que c’était moi”) et son Discours de la servitude volontaire. Cette oeuvre de jeunesse, composée à l’âge de 17 ans « à l’honneur de la liberté et contre les tyrans » s’interroge : comment expliquer qu’un peuple puisse continuer à se soumettre à son tyran, homme pourtant isolé, sans force ni prestige, alors qu’il suffirait de le vouloir pour s’en affranchir ?
Certains courants de pensée interprètent le Discours de la servitude volontaire comme un ouvrage prêchant la révolution. Nous pensons que c’est un contresens.
Membre du parlement de Bordeaux, comme son ami Montaigne, La Boétie était tout à la fois loyal, provocateur et d’une honnêteté intellectuelle exemplaire. Il cherchait l’équilibre et la justesse. “La Boétie [..] admirait le courage et la sagesse avec lesquels [Michel de L’hôpital] avait osé condamner officiellement, lors des états généraux d’Orléans, le 13 décembre 1560, à la fois la sédition des huguenots et l’intransigeance des catholiques. »
Il y a de nombreux liens entre la pensée d’Etienne de La Boétie et notre façon d’envisager notre métier.
- Nous pensons que chacun a sa responsabilité, dirigeant comme collaborateur, dans ce qui arrive dans une organisation. Nous avons la préoccupation constante d’aider chacun à « prendre sa part ».
- Nous pensons, comme La Boétie, que l’habitude nous façonne et, parfois, nous fige. Nous cherchons à faire bouger les habitudes dans nos temps collectifs.
- Nous avons, comme lui, la conviction que chacun a un talent dont le revers n’est jamais très loin, ce que nous appelons sa part « d’ombre » et sa part de « lumière ».
- Nous aimons voir l’intelligence collective comme une manière de se garder de la tyrannie que chacun peut être tenté d’exercer dès qu’il a du pouvoir. Mais comme La Boétie nous sommes convaincus de l’importance de l’autorité.
- Nous cherchons comme lui non pas à renverser les systèmes existants et leurs dirigeants mais à les améliorer, sans rêver d’un idéal illusoire.
- Nous aidons à trouver des voies intégratives entre des points de vue parfois en opposition, comme La Boétie s’était fait l’avocat de solutions pragmatiques permettant de prendre en compte les justes aspirations des catholiques et des protestants, dans une époque troublée où tous peinaient à vivre ensemble.
- Comme lui, nous croyons en la force de la responsabilité et nous aimons la liberté. Et comme lui, nous croyons qu’il n’est pas si facile de concilier liberté et responsabilité ; c’est pourquoi nous avons construit notre modèle de fonctionnement pour qu’il permette à chacun d’entre nous de vivre pleinement sa liberté et d’exercer sérieusement sa responsabilité.
- Nous aimons sa recherche d’une sagesse intemporelle. Homme de la Renaissance, La Boétie puisait son inspiration chez les auteurs reconnus de l’antiquité. Nous nous méfions des modes managériales.
- La Boétie a manifesté dans ses écrits le souci constant de la droiture et de la nuance. Son honnêteté intellectuelle nous inspire.
Quelques citations
- “Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est la coutume.”
- “Soyez résolu de ne plus servir et vous voilà libre.”
- “Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire.”
- “Et pourtant ce tyran, seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni même de s’en défendre ; il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à la servitude. Il ne s’agit pas de lui rien arracher, mais seulement de ne lui rien donner.”
- “Il n’est pas croyable comme le peuple, dès lors qu’il est assujetti, tombe si soudain en un tel et si profond oubli de la franchise, qu’il n’est pas possible qu’il se réveille pour la ravoir.”
- “L’amitié, c’est un nom sacré, c’est une chose sainte, elle ne naît jamais qu’entre gens de bien, et ne vient qu’avec une mutuelle estime ; elle ne s’entretient non pas tant par des bienfaits que par une vie vertueuse. Ce qui rend un ami assuré de l’autre, c’est la connaissance qu’il a de son intégrité.”
Sources :
- Étienne de la Boétie, Le discours de la servitude volontaire. Présentation de Simone Goyard-Fabre. Dossier de Raphaël Fabre, Garnier-Flammarion 2016.
- Anne-Marie Cocula-Vaillières, Étienne de La Boétie et le destin du Discours de la servitude volontaire, Études montaignistes n. 65, Classiques Garnier 2018.
- Séminaire d’associés La Boétie Partners d’août 2024.